18 août 2006

Quelle situation intéressante, que celle au Sud-Liban.

Israel, d'une part, qui depuis 1967 s'autopersuade de sa supériorité militaire écrasante et ayant un sentiment que ses pays voisins ne savent pas se battre, la fumée des combats retombant, voit ces deux mythes s'effriter. L'issue de cette reflexion reste indéterminée. D'un côté, le constat qui se dessine est que l'aviation est ineffective contre une guerilla préparée et enterrée, ce qui pourrait donner lieu à des changements en profondeur de l'armée et de l'opinion publique israélienne, qui devraient composer avec l'idée que les futures guerres reviendraient sur le terrain, à l'armée de terre, avec l'augmentation des pertes humaines que celà implique. D'un autre côté, le tout-militaire et la déterrence perdent en crédibilité, et de nouvelles stratégies surprenantes pourraient se dessiner. Par exemple, traquer politiquement les régimes hostiles à l'existence d'Israel jusque dans des impasses dont la seule issue possible est la paix.

Et ce côté politique a toute son importance. Car ce qui pourrait apparaitre dans les prochains mois, c'est qu'en ne gagnant pas la guerre sur le terrain, Israel pourrait avoir gagné la guerre d'opinion en Europe et à l'ONU. Cette inversion de tendance, si elle a lieu, pourrait-être bien plus intéressante, à long terme, pour Israel, que la destruction du Hezbollah. Quelques signes semblent indiquer que cette inversion est possible: l'accord finalement facile entre la France et les Etats-Unis sur la résolution de l'ONU, cette résolution étant mieux acceptée (et favorable) par Israel que par le Liban et les pays Arabes, la présentation du conflit dans les médias, la volonté à peine cachée de l'Europe comme des Etats-Unis de laisser le temps à Israel en finir avec un groupuscule islamiste armé jusqu'aux dents, ...

D'autre part, l'objectif que le Liban prenne ses responsabilités pour garantir la sécurité de son côté de la frontière est en train de se confirmer. De manière inattendue, pour beaucoup d'observateurs. Alors oui, on peut questionner si, en incorporant les miliciens du Hezbollah à l'armée régulière, le déploiement de l'armée libanaise est beaucoup plus qu'un rennomage des forces armées sur le terrain. Mais finalement, peu importe. Car au final, si un autre incident a lieu à la frontière dans le futur, ce n'est plus le Hezbollah mais l'armée Libanaise qui en portera l'entière responsabilité. Et celà, le Liban n'a absolument aucun intérêt à ce que çà se produise.

Finalement, la France, et c'est finalement, peut-être, le côté le plus fun de la situation. Après s'être posée pendant des années comme championne ex-aqueo de la politique au Proche-Orient, en contestant à peu prêt toutes les décisions des Etats-Unis. Après avoir prétendu des liens forts avec le Liban, depuis 1920. Après avoir critiqué la politique israélienne toutes ces décennies. Après avoir oeuvré pour la résolution 1701. Après tous ces mouvements agitatoires, la communauté internationale attendait la France au tournant pour l'envoi des troupes, qu'elle avait appuyé dans cette résolution 1701 qu'elle avait poussé. Et bien non. La France hésite. Sous prétexte officiel de n'avoir pas de mandat précis, la France prend conscience qu'une résolution onusienne, c'est bien. Mais des forces susceptibles de l'appliquer et de tenir tête à un mouvement de guerilla, c'est un autre sujet. La France, championne de la diplomatie dans des bureaux climatisés, est incapable de mettre sur le terrain autre chose que 200 ingénieurs du génie civil et quelques officiers qui donnent les ordres à partir de bureaux tout aussi climatisés.

Quelques part, involontairement, Israel met la France à l'épreuve de tenir sa parole. La France saura t'elle relever le défi ? Je l'espère, car c'est dans l'intérêt de la France et d'Israel. Et une telle situation d'intérêts communs, entre ces deux pays que j'aime, n'a pas eue lieue depuis des décennies...

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